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El Pueblo unido jamas sera vencido ! (01.03.10)

Bonjour,

La critique interne du libéralisme nous a conduit à la notion de politique sociale de l'Etat, intervention de l'Etat dans le domaine socio-économique visant à limiter l'indigence

      a) par des services publics garantissant l'accès aux biens économiques (nourriture, logement...) et sociaux (santé, éducation...) de base, nécessaires à la jouissance des libertés.

       b) par une législation (droit du travail, fiscalité) permettant d'empêcher que les inégaliéts socio-économiques débouchent sur l'oppression.

C'est ce rôle actif de l'Etat qui constitue le fondement de tout programme "socialiste", dont nous avons vu une illustration à travers le programme politique de Salvador Allende (le texte se trouve ici). Pour se remémorer qui était Allende, la page wikipedia est très pratique... (http://fr.wikipedia.org/wiki/Salvador_Allende).

Ce qui frappe d'abord dans ce texte, c'est l'insistance sur le rôle fondamental des institutions de l'Etat.  dans ce texte d'Allende, l'Etat apparaît à la fois comme le préalable, le moyen et le point d'aboutissement du processus socialiste !

     a) Le "préalable fondamental" du chemin présenté par Allende est l'établissement du "cadre institutionnel" dans le pluralisme et la liberté. En d'autres termes, le point de départ du programme socialiste est, tout simplement, l'instauration d'un Etat républicain, en tant que dispositif institutionnel fondé sur le respect des libertés politiques des citoyens.

     b) La "tâche" du socialisme est de définir et de mettre en oeuvre "un nouveau modèle d'Etat, d'économie et de société". Et dans les 5 points du programme socialiste énoncé par Allende, 5 sur 5 renvoient directement au rôle de l'Etat. Ainsi,

          _ "la légalité" renvoie à l'instauration d'un état de droit, c'est-à-dire d'une organisation sociale au sein duquel le respect du droit (par tous les citoyens) est garanti par l'Etat. Le combat est ici livré contre l'impunité de certains membres du corps social.

Un tag politique dénonçant l'impunité de certains membres de la dictature militaire (1976-1983) en Argentine

          _ "le fonctionnement des institutions" : il s'agit de rétablir le fonctionnement républicain des institutions, qui doit être entièrement régi par le souci de l'intérêt général et la garantie des libertés, et non par l'intérêt de tel ou tel groupe social  ; le combat est ici livré contre la corruption des fonctionnaires, ou la confiscation des instances politiques par un clan social.

Tag politique contre la corruption en Ouganda

          _ "les libertés politiques" : il s'agit ici de réaffirmer le caractère républicain de l'Etat, qui a pour fonction de garantir les libertés de tous, et qui doit donc reposer sur la garantie des libertés fondamentales ET sur le plein exercice de ces libertés (vote, création de partis, etc.) au sein de l'espace politique. Le combat est ici livré contre l'oppression des individus (notamment par l'Etat).

Tag politique dénonçant l'oppression au Mexique

          _ "l'attitude vis-à-vis de la violence" : il s'agit ici de la restauration de la sécurité Et de la sûreté. L'Etat doit être à même de garantir les droits de chacun contre la violence d'autrui, et par la violence s'il le faut, mais il doit aussi donner à chaque citoyen l'assurance que la violence d'Etat ne s'exercera que conformément à sa fonction républicaine, et non contre le peuple lui-même. Le combat est ici livré contre toutes les formes de violence privée (qui vise moins, ici, la délinquance, que toutes les formes de menace et de rétorsion que les groupes dominants peuvent utiliser pour "mater" les vélléités de révolte des opprimés). L'Etat doit réaffirmer, conformément à l'expression du sociologue allemand du XX° siècle Max Weber, son "monopole de la violence légitime".

Tag politique dénonçant la collusion entre les forces de police et certains groupes paramilitaires en Irlande.

          _ "la socialisation des moyens de production" : il s'agit ici de la démarche par laquelle l'Etat transforme la propriété privée des moyens de productions (entreprise privée, proproruété privée des ressources) en propriété publique (c'est-à-dire en propriété de l'Etat). Le combat est ici livré contre la domination de l'homme sur l'homme exercée dans le rapport patron / salarié. Lorsque l'Etat devient propriétaire d'une entreprise, les 4 points précédents laissent supposer que la relation entre employeur et employé ne peut plus être une relation d'exploitation.

 

     c) le "triomphe de la révolution" sera de restituer l'Etat aux travailleurs (qui constituent l'écrasante majorité des citoyens, puisque les "non-travailleurs" désignent ici les propriétaires des moyens de production, qui peuvent vivre du prélèvement qu'ils effectuent sur la plus-value dégagée par le travail de ceux qui utilisent ces moyens de production.) Le combat est ici livré contre la confiscation de l'Etat au profit d'une classe dominante qui, au Chili, est explicitement identifiée à une oligarchie au service des intérêts d'un grand pays étranger.... (nous sommes en 1970).

Une fresque murale de Diego Oliveira : remettre le travailleur au centre de l'univers (pour une meilleure image, allez ici : http://minarchiste.files.wordpress.com/2009/11/diego_riviera.jpg)

Le programme politique socialiste d'Allende est donc avant tout un programme de "restauration" de l'Etat : il s'agit de remettre l'Etat sur pied, de le réformer pour le rendre à nouveau conforme à sa fonction, et de le rendre à ceux qui sont les détenteurs légitimes du "pouvoir de décision". L'Etat est donc l'instrument d'organisation du corps social grâce auquel le peuple doit s'auto-déterminer.  Les deux affirmations du programme se répondent donc :

     a) le pouvoir de l'Etat est immense (il oriente, organise et dirige la société !) mais

     b) ce pouvoir est détenu par le peuple lui-même (il ne doit en aucune façon se substituer à la volonté des travailleurs).

Si nous cherchons maintenant à éclaircir les grandes orientations de l'action de l'Etat dans le domaine socio-économique, nous retrouvons sans surprise les points-clé auxquels nous avait menés notre critique interne du libéralisme. Il s'agit avant tout de donner à chacun accès aux biens et services fondamentaux, ce qui constitue la condition de possibilité d'une jouissance par tous les cotoyens de leurs droits fondamentaux. On retrouve donc :

     a) "vivre dans des maisons décentes" ; ce que nous appelerions aujourd'hui la garantie du droit au logement.

     b) "avec un minimum de conditions d'hygiène" ; Allende est l'un des premiers hommes politiques à avoir insister sur les liens entre la santé individuelle et les conditions sociales de vie (sur ce point, la page wiki est intéressante).

     c) "envoyer leurs enfants dans des écoles qui n'auront pas été faites seulement pour les pauvres" ; il s'agit ici évidemment ici du droit à l'éducation, qui renvoie au droit de bénéficier d'un enseignement et d'une formation d'une qualité suffisante pour ne pas justifier les discriminations à la sortie du système scolaire (ce qui est le cas lorsque les établissements d'enseignement ne peuvent pas dispenser un enseignement de même qualité en fonction du milieu social...)

     d) "manger suffisamment chaque jour de l'année" ; il s'agit ici de la sécurité alimentaire, qui découle directement du droit à la survie. Cette fois encore, Allende est l'un des premiers hommes politiques à avoir ouvertement orienté la politique sanitaire de l'Etat de façon à respecter les corrélations entre les carences alimentaires et les problèmes de santé (nousz retrouvons ici nos "inégalités sociales de santé"...)

Tels sont les quatre impératifs qui découlent de la nécessité de garantir à chaque citoyen l'accès aux biens et services fondamentaux, qui constituent autant de droits de tout individu humain. Les trois derniers points concernent le second grand volet de tout politique socialiste, et concerne la législation liée au travail.

     a) "Le peuple a besoin de travail". Il s'agit ici de garantir un droit au travail, qui permette de garantir à chacun le droit de vivre du produit de son travail. Il existe deux façons de ne pas travailler : celle des nantis (qui, possédant les moyens de production, vivent du prélèvement qu'ils effectuent sur le bénéfice dégagé par le travail des travailleurs) et celle des chômeurs. Tous deux doivent disparaître au sein d'une société socialiste : nul ne doit vivre indûment du travail des autres, chacun doit pouvoir vivre du fruit de son travail. C'est donc un sens fort (celui qu'il prit en France en 1848... pour quelques mois) qu'il faut ici donner au "droit au travail" : il ne s'agit pas du fait de ne pas interdire à un individu de travailler, mais de lui donner effectivement la possibilité de travailler.

     b) "Le peuple a besoin de protection contre la maladie et la vieillesse" : il s'agit ici du système de sécurité sociale et des retraites, qui concernent naturellement les périodes où l'individu n'est pas à même de travailler (il n'en est pas/plus capable). L'enjeu est ici la mise en place d'un système de prélèvement sociaux (impôts, cotisation sociales) permettant la prise en charge collective de ceux qui ne peuvent pas vivre du fruit de leur travail.

     c) "Le peuple a besoin de respect de sa personnalité" : il s'agit ici de donner au travail, aux conditions de travail un visage humain, qui  soit compatible avec le respect de la dignité et de la personnalité de chaque homme. Nul ne doit être contraint de renoncer à sa dignité ou à son identité pour survivre. L'enjeu est ici de garantir, par le droit du travail, des conditions humaines de travail pour un travail humain. Conformément à un argument (marxiste) que nous avons déjà croisé, tout homme doit pouvoir se reconnaître dans le produit de son travail : s'y reconnaître à la fois en tant qu'homme et en tant qu'individu ; sans quoi le travail devient une source d'aliénation.

Encore Diego Riveira, "Le porteur de fleurs"

Tels sont donc les points-clé de tout programme socialiste :

     a) un Etat fort (qui oriente, organise et dirige la société)

     b) au service du peuple (qui détient seul le pouvoir de décision)

     c) garantissant à chacun la jouissance de ses droits fondamentaux, et donc l'accès aux bien et services fondamentaux

     d) garantissant à chacun un droit au travail, (permettant à cahcun de vivre du fruit de son travail) encadré par un droit du travail (permettant à chacun d'affirmer son humanité et son identité dans son travail)  et un système de cotisations sociales permettant la prise en charge collective  de ceux qui ne peuvent pas/plus travailler.

La "voie chilienne" peut ainsi nous servir de paradigme pour la "voie socialiste" en général...

 

 

 

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